Toujours en Picardie et déjà dans l’Aisne, nous sommes partis ce matin de chez Julie, Romy et Olivier qui doivent se rendre au salon de l’agriculture cet après-midi. Évidemment je leur ai conseillé d’aller voir le stand de l’âne Bourbonnais tenu, entre autres, par Natacha de l’asinerie du Tremble, chez qui Honoré est né.
On marche entre vallées et plateaux, pique-nique au bord d’un étang puis changement de département. J’appelle la mairie de Vic-Sur-Aisne et le maire vient à ma rencontre avec du personnel communal pour m’ouvrir le local du comité des fêtes afin que je puisse recharger mon téléphone et avoir de l’eau chaude. Dans le parc, Honoré fait sensation mais je surprend un riverain qui lui lance du pain. Vu qu’il a un plein sac, j’interviens rapidement. « Vous savez qu’on peut tuer un âne avec du pain ? » Lui assène-ai-je ? » Ha ben non » me répond l’individu. Et de lui retourner « Ben voilà, c’est pour cela qu’il ne faut jamais donner à manger aux animaux qu’on ne connait pas, surtout sans l’autorisation de son propriétaire ». Alors je commence à faire un peu de pédagogie. « Nous sommes les seuls mammifères à digérer l’amidon (et encore ce n’est pas vrai pour tout le monde). Et les ânes sont des herbivores. Le pain n’est pas un végétal et en plus c’est un produit transformé. Les ânes digèrent entr deux et quatre jours, nous digérons en deux heures. Imaginez un bout de pain dans un tube humide et fermé… Il fermente, crée du gaz, gonfle et c’est l’occlusion intestinale. Voilà, maintenant vous savez ». La réponse est toujours là même « ha ben ma belle sœur elle leur en donne tout le temps, y’z’aiment ça ». Tu peux tuer les ânes de ta belle sœur si elle veut, pas le mien ! Moi j’aime le whisky mais si ma belle sœur m’en donne tout le temps, ça va être beau .
Bref, ça fait un petit moment qu’on n’a pas fait le point sur les déchets. Là-dessus pas de surprise, c’est comme partout ailleurs. Enfin, en ce qui concerne les chemins. Sur les routes et les entrées d’agglomérations, il faut reconnaître qu’il y en a un peu plus. Plus on approche de la région parisienne, plus les routes sont circulantes, plus les agglomérations sont grosses, plus il y a de déchets en quantité. Ce théorème est vrai sur toutes les routes parcourues jusqu’à aujourd’hui, mais la proximité des grandes agglomérations augmente le phénomène. Il n’est pas toujours facile de s’y retrouver pour trier efficacement car les bacs ne sont pas toujours clairement identifiés.
Je reprends doucement la marche ce matin, il a gelé un petit peu cette nuit mais le soleil réchauffe vite. Le chemin me fait suivre les bords de l’Aisne et quelques bosquets dans lesquels j’ai trouvé de l’ail des ours déjà sorti. J’augmente doucement le kilométrage quotidien grâce aux journées qui rallongent et parce que mon prochain rendez-vous chez Manon me permettra d’offrir une visite ostéopathe à Honoré. Ce soir je pousse jusqu’à Chavigny où je bivouac dans la cour de la mairie. Olivier, l’adjoint au maire, m’accueille et revient avec ses enfants, ravis de caresser Honoré. J’ai même droit à des œufs, thon, sardines… Le lendemain matin c’est son épouse qui me salue avec les enfants.
Le ciel se couvre mais il ne pleut pas. Le paysage est bien plus vallonné que je ne l’aurais pensé, cependant quand on est sur les plateaux, on a du mal à imaginer le relief en contrebas. En passant devant un centre équestre, une cavalière nous interpelle et j’en profite pour faire une petite pause. Honoré fait le beau et gagne quelques carottes et une ration de flocons. Habituellement je ne prend pas les flocons, mais je ne sais pas pourquoi, j’accepte. Et je ne le regrette pas parce que les kilomètres qui suivent montrent que les agriculteurs ont traité. Il y a plein de billes d’azote sur les bas-côtés, je ne veux pas qu’Honoré mange ça. Du coup il y a conflit entre nous, mais tant pi. Le soir je me fais pardonner avec la ration qu’il dévore. Merci Géraldine. Nous poursuivons notre chemin vers Reims par le GR 12 et je décide de m’arrêter au petit village de Vregny. Coup de chance, c’est aujourd’hui que la mairie est ouverte ! Et le maire arrive dans 5 minutes. Parfait. Je m’installe, le maire vient et me propose de me laisser les clés pour avoir accès à l’eau. Au matin il me renseigne sur des itinéraires possibles qui me feraient gagner du temps tout en me permettant de faire un détour vers Vailly-sur-Aisne pour y faire quelques courses d’appoint. Il y a quelques jours, un grand-père avec son petit-fils, m’avait donné un billet, ne pouvant pas aller sur la cagnotte Leetchi.com/c/tdfane. Le raccourci était une bonne idée, même si la route était moins jolie, j’ai gagné du temps que je mets à profit pour avancer d’avantage. Les nombreux cimetières militaires, rappellent que nous marchons sur des zones de combats de la guerre 14-18. Anglais, italiens, allemands… Autant de nécropoles rappellant l’horreur des combats. Ce soir je bivouac près d’une église à Soupir, c’est dire le nombre de cimetières sur la commune. D’ailleurs nous suivons le célèbre chemin des dames.
Sans perdre de temps, on se remet en route et je découvre des paysages que je n’attendais pas, des grottes troglodytes. Interpellé par un corse ayant élu domicile dans l’une des troglodytes et qui possède des ânes, je fais la pause de midi avec lui. Il me suggère quelques raccourcis et j’arrive tôt à Beaurieux. Je me dirige vers la mairie, on me propose le stade de foot. En m’y rendant, je passe devant un bar-tabac où on deux dames veulent caresser Honoré. J’en profite pour demander le journal du jour (l’Union) dans lequel il y a un article sur nous, mais il semble que ce ne soit pas la bonne édition. A ce moment là, Justine et son fils Kaou me proposent de m’héberger. J’accepte avec plaisir même si ce me fait 3 km de détour. Kaou m’accompagne et rempli un sac de 20 litres de cannettes trouvées sur le bas-côté. Nous arrivons assez vite, rejoins par Lumi, la fille de Justine, et plus tard Bertrand son mari. Entre temps, Marie-Anne est arrivée, puis son mari Nicolas, puis Cédric et sa femme Alison. Une joyeuse bande de musiciens attablée à l’apéro. Bertrand prend les choses en main et allume le four à bois, ce sera soirée pizzas maison. Une bonne ambiance qui me rappelle les soirées chez Bruno et Nathalie avec Manu, Joël, Patrice… J’ai même goûté au Ratafia, une boisson locale du genre Pinot des Charentes. Et comme on approche de Reims, alors on fini par le champagne.
Départ de bonne heure, ce matin on a un rendez-vous avec Véronique et Dominique que nous avions croisé cet été sur la velodyssée entre La Rochelle et les Sables d’Olonne. Depuis, le couple suit notre parcours et ils habitent près d’ici. Je suis ravi de les revoir et ils apportent un café chaud et des croissants que nous partageons au bord du canal. Une pause brève mais qui fait du bien. Et marcher le long du canal rappelle aussi de nombreux souvenirs de Bretagne… Il fait beau, tout va bien. Et Titus (le copain d’Honoré resté à la maison) va mieux. Plus de syndrome vestibulaire, il s’alimente seul et normalement et recommence même à braire. Il est sauvé !
Les côtes sont de moins en moins importantes, on approche de la Champagne. Demain nous quittons l’Aisne pour la Marne, la Picardie et les Hauts-de-France pour la Champagne et le Grand-Est. Encore une page qui se tourne. Je pense pouvoir affirmer qu’on est à mi-chemin de notre tour de France. Mais les montagnes arrivent…