Cette première journée de marche après la pose chez Ânes Victoires, est très émouvante. Heureusement le chemin est finalement plutôt agréable et franchement confortable pour Honoré. Lui et moi sommes suffisamment reposés, il ne me test presque pas contrairement aux autres journées de reprises. Dans la forêt il y a déjà des jonquilles, le printemps arrive, chouette. De temps en temps Honoré s’arrête et brai comme pour appeler ses copines, puis cesse vers Senlis. Je pensais y faire bivouac mais finalement je pousse sur Fleurines et ne le regrette pas. J’y suis super bien accueilli, l’agent technique m’accompagne, puis la seconde adjointe me rejoint pour me présenter le maire qui s’appelle Guillaume Maréchal. Pas étonnant que cette ville soit agréable . Bon sérieusement il y a une réunion de conseil mais à la sortie Audrey, la seconde adjointe, m’apporte une pizza et un quart de rouge en cadeau de bienvenue avec le premier adjoint. Whaou quel accueil. Le lendemain matin je suis invité au petit déjeuner en mairie. Audrey a tout prévu, café et viennoiseries, même des sandwichs pour ce midi.
Mais la météo annonce des rafales à 85km/h et de la pluie, pas le temps de faire une pause, je grignote en marchant. Je suis à l’abri des grosses rafales dans la forêt mais pas rassuré pour autant à cause des branches qui pourraient tomber. On se prend une belle averse avant d’arriver à Verberie où nous sommes accueillis par la policière municipale. Audrey avait encore une fois tout prévu, elle avait contacté la mairie juste après notre départ. Nous bivouaquerons dans la cour du château. Je peux prendre de l’eau à la MJC dans une aile du château. Évidemment les enfants viennent caresser Honoré qui prend un véritable bain de foule. Le maire passe également nous saluer avec le journaliste local. Il a diffusé notre passage sur les réseaux sociaux, les habitants sont venus nombreux nous saluer, très nombreux, j’étais épuisé. Le directeur de la MJC me propose l’accès à la douche, ça fait du bien. Le lendemain matin je prend un café avec les gens du château, fais le plein des gourdes et récupère la serviette qui a eu le temps de sécher pendant la nuit. La pluie se décide a commencer de tomber juste au moment où je plie la toile de tente. Mais c’est pas grave, je ne perds pas de temps, la journée va être longue car il y a peu de communes sur mon chemin.
J’arrive dans la forêt de Compiègne qui est immense et peu habitée. La journée est ensoleillée, la forêt agréable, il y a même des biches qui sont venues nous observer. Je trouve un beau terrain à côté de la mairie et de l’abbatiale de Saint-Jean-aux-Bois. Ce sera parfait pour cette nuit. La nuit a été fraîche, la température est descendue à -5°. Je crois que c’est la limite de ma zone de confort, au-delà il faudra mettre le deuxième duvet. Heureusement le soleil se lève plus tôt et réchauffe vite l’atmosphère et le bonhomme. Ce matin la vidéo d’Ânes Victoires est en ligne, je la regarde avec mélancolie, quelle semaine de fou ça a été !
Nous sortons du village et sommes immédiatement dans la forêt de Compiègne. Par cette jolie matinée ensoleillé c’est agréable de marcher. Tout au moins jusqu’à la pause de midi écourtée par des chasseurs à courre. Une vingtaine de cavaliers arrive au trot et effraie Honoré. Je me mets sur le chemin pour leur faire comprendre qu’il faut ralentir mais ho stupeur, la plupart les cavaliers ne sont pas capables de faire ralentir leur monture ni même la diriger. Certains tentent bien une manœuvre aussi inutile que dangereuse en levant les bras bien haut. Le geste stupide n’a pour effet que d’effrayer les chevaux et leur faire mal à la bouche. J’ai devant moi la preuve que les mors ne servent strictement à rien, surtout pas pour assurer la sécurité du cavalier qui à ce moment-là ressemble franchement à un crapaud sur une boîte d’allumettes. Je suis scandalisé par le traitement qu’ils infligent à leurs chevaux. Je connais de nombreux cavaliers, certains chassent à courre, mais je n’avais jamais vu un tel comportement irresponsable, irrespectueux et dangereux. En plus d’être incompétents, et donc maltraitant avec leurs chevaux, sur la vingtaine de cavaliers seuls trois ou quatre on su dire bonjour. Je n’ai habituellement rien contre les chasseurs, même si je n’ai rien pour non plus, mais un tel comportement doit être dénoncé. Enfin heureusement plus tard d’autres chasseurs, plus respectueux ceux-là, nous ont salué poliment. L’échange était même plutôt cordiale. La chasse est terminée pour cette année, ouf.
Le chapitre suivant est bien plus agréable, Julie m’a contacté suite à une parution sur le Facebook de la ville de Verberie et me propose un hébergement. Ça me fait faire un petit détour qui m’oblige à passer près du rond-point de l’armistice. Je vous invite à consulter leur site : https://www.audioguide-armistice.fr/ Ce détour a du sens d’autant que nous sommes passés par les plages de Normandie, et vu le contexte actuel, évoquer la paix me semble de bonne augure. Après avoir pris le temps de discuter avec les voisins, Julie nous accueille. J’installe Honoré dans sa prairie pour cette nuit et demain, nous ferons une pause ici. Quant à moi, j’ai une chambre au chaud, ça tombe bien il va encore geler cette nuit. Olivier, le mari de Julie et leur fille Romy arrivent quelques instants plus tard, de retour d’un anniversaire familial. Ensemble, nous allons sécuriser le parc dans lequel il y a des ifs, toxiques pour Honoré. Bien qu’il a de l’herbe a volonté, je ne veux pas prendre de risque. Il est temps de se reposer, la journée a été longue. Le couple attend le petit frère ou la petite sœur pour cet été, souhaitons leur tout le bonheur du monde. En attendant je suis super bien reçu. Julie travaille dans l’événementiel sportif et Olivier dans la médecine nucléaire (mais pas en tant que médecin). Anciens parisiens, ils ont choisi le calme d’une ancienne maison forestière pour élever leurs enfants. La maison, située au cœur d’une clairière, est magnifiquement rénovée et confortable, la nature et les animaux y ont une place importante.