Je quitte Saint Colomban tranquillement, j’attend l’ouverture du cimetière pour faire le plein d’eau et de l’épicerie pour prendre du pain et une terrine pour midi. La pluie est annoncée dès 12 heures, il faut que je trouve bivouac avant, l’étape sera courte. A l’épicerie, le boucher me demande quel chemin je fais (je suis entré avec mon sac à dos sur lequel ma coquille Saint Jacques se balance), je lui explique brièvement puis file à la caisse. Sur le parking je suis rattrapé par le patron et le boucher qui me proposent des épluchures de carottes pour Honoré. Wahou, quel accueil, merci !
Je reprends mon chemin, le ciel se couvre et je ne trouve pas de bivouac. Quelques riverains m’interpellent, mais une fois que les enfants ont caressé Honoré, ils me souhaitent bonne route. Je poursuis. Le ciel s’obscurcit, Honoré traine les pieds… la pluie ne m’a pas manqué et j’aimerais éviter de remettre le poncho et tout ce plastique inconfortable. Je demande un terrain communal, on me dit de demander à la mairie, mais elle est fermée. Au loin un type discute, je l’interpelle. Il envoi son fils demander au grand-père dans son jardin derrière, il allait partir. Je le sens un peu hésitant. Je lui explique ma démarche, précise qu’on est médiatisé, il accepte. Le petit-fils va remplir mes sceaux. Trop cool. Un jeune approche et me propose du foin pour Honoré. Derrière le terrain il y a un restaurant réunionnais où le jeune travaille. Je comprends que je suis au bon endroit, les refus précédents m’ont conduit ici. Je me dépêche de monter la tente et tout mettre à l’abri. Les premières gouttes arrivent quand je termine tout juste. J’appelle Véro qui me demande des nouvelles, double appel, c’est Germaine, mon hébergement à Nantes est trouvé. Ouf, je vais pouvoir m’y reposer quelques jours. Je rappelle Vero pour la rassurer mais elle a 10.000 choses à dire. J’ai faim. Enfin elle raccroche, j’entends parler… deux jeunes du restaurant réunionnais m’apportent un ti-punch, samousas et rougaille saucisses. Wahou. Bon, il faut laisser le temps au chemin d’apporter les bonnes choses au bon moment, mais là c’est vraiment impressionnant, la synchronisation de cette journée est incroyable. Enfin cet épisode de pluie m’oblige à me reposer, ça fait du bien.
Je reprends la route, pas un bout de chemin… que du bitume, et j’arrive à Château-Thébaud où je croise un groupe qui ramasse des déchets. D’un coup, je me sens moins seul. C’est une jeune association qui a moins de 6 mois qui s’appelle Mon Agglo Zéro Déchet. Chaque mois, un groupe de bénévoles arpente la commune ou celle voisine d’Aigrefeuille-sur-Maine pour ramasser les déchets. Ici, les habitants sont confrontés au problème des déchets facturés au volume. Il n’y a pas de benne collective ni de tri plastique. C’est donc la galère pour se débarrasser des déchets collectés bénévolement. Bravo à eux pour cette initiative citoyenne.
Après avoir pique-niqué, je dois repartir et trouver un bivouac. Le paysage change, devient plus vallonné, des vignes du pays Nantais du muscadet principalement. J’arrive à La Haie Fouassière. Ne trouvant pas de point de chute, je m’approche de la mairie afin de chercher le numéro de téléphone du maire ou un adjoint. Rien ! J’appelle la mairie espérant avoir un numéro sur le répondeur (c’est dimanche) mais l’appel bascule sur une ligne d’astreinte, puis raccroche. Je recommence, ça raccroche… tant pi, je vais au stade de foot. C’est en chemin que je passe devant un domaine viticole où un anniversaire est fêté. La matriarche m’appelle et m’invite à me joindre à la tablée. Le flot des questions reprend, je vais dormir dans le jardin, j’attache Honoré afin qu’il n’aille pas dans les buis qui lui seraient fatal. Michel partage son gâteau d’anniversaire, il fête ses 66 ans. La soirée est conviviale et les charcuteries proposées le soir pour clôturer la journée. Le lendemain matin il ne reste que la matriarche, Oliver et Michel, avec qui je prends le petit déjeuner. On discute encore, je part tard mais ce soir, je vais à Nantes où je pourrais faire une pause de quelques jours dans le terrain familial de Germaine. Michel et Olivier m’accompagnent jusqu’à la sortie du vignoble, une visite guidée très agreable et enrichissante. Ils me conseillent sur l’itinéraire le mieux adapté et m’indiquent les lieux à ne pas manquer. Mais ce matin, c’est le brouillard qui domine et je n’ai pas vu les châteaux à ne pas manquer. Toutefois, je n’ai pas manqué l’usine LU près de laquelle il sentait bon le biscuit. Malheureusement, j’ai su trop tard son emplacement pour prendre rendez-vous et y faire un reportage sur les emballages (j’avais pas mal des questions à poser…). Mais sans regret, je pense que j’aurais été recalé de toutes façons, faute de pass sanitaire (une excuse qui aurait bien arrangé je suppose). La fin du mois d’août approche et déjà les hirondelles se ressemblent. Avec la rosée matinale et le brouillard persistant de ce matin, j’ai un petit aperçu de l’automne qui arrive doucement.
Ha au fait, un petit message aux amis cyclistes du club de Sainte-Luce – Touaret : vous êtes les premiers à râler après les automobilistes qui ne respectent pas les distances de sécurité, et vous avez totalement raison. N’oubliez pas que vous aussi êtes tenus de respecter ces règles de bon sens. D’autant plus quand on double un animal qui peut être effrayé et faire un écart, qui aurait mis bon nombre d’entre vous au sol, vu la vitesse à laquelle vous êtes passés. Je pense que ça aurait gâché votre rando.
Encore une étape de bitume ponctuée de ponts de 4 voies, de chemins de fer (dont le TGV à Nantes) un immense pont de fer, celui de Touaré qui traverse la Loire en deux fois et qui est assez impressionnant. Autant dire que je ne fais pas le malin, ce n’est pas l’étape la plus longue (19km), mais pas la plus simple. Honoré se comporte bien, bien qu’à plusieurs reprises il pique un sprint à cause de motos bruyantes (Harleys et mobylettes l’effraient de nouveau…). Une fois les difficultés passées, je suis soulagé et déjà presque en vacances.