Honoré n’est pas passé inaperçu en traversant Louviers. Déjà devant le Carrefour Market il avait créé un attroupement mais en plus c’était jour de marché et nous voulions passer à la poissonnerie des Halles faire un coucou à notre hôte de la veille. La traversée de la ville se déroule plutôt bien, il faut dire qu’Honoré a l’habitude et qu’il se comporte comme un grand. La sortie de la ville se fait par une belle côte, on avait perdu l’habitude. Ensuite c’est de la forêt plutôt calme et agréable. Nous croisons des chasseurs qui, dès qu’ils nous ont aperçu, ont rappelé les chiens et tenus pour nous laisser passer. Tous nous on dit bonjour et souhaité une bonne journée, je les ai remercié et à mon tour souhaité une bonne après-midi. Je ne veux pas ici démarrer un débat pour ou contre la chasse, mais juste souligner qu’ils ont été franchement agréables, contrairement à certains sportifs que j’ai croisé qui nous ont gentiment ignoré. Je ne suis pas un grand fan de chasse mais pour autant, je dois reconnaître que je n’ai rien à leur reprocher. Nous terminons la traversée de cette jolie forêt à la recherche d’un bivouac. À un carrefour une voiture m’interpelle me signalant la présence de chasseurs dans le bois suivant et donc un potentiel danger. Je le rassure en lui disant que je cherche plutôt un bivouac et ne compte pas rentrer dans le bois. « Alors suivez moi » s’exclame Ludo me proposant un terrain derrière chez lui où il met ses chevaux. Sa fille Garance vient nous rejoindre et m’apporte de l’eau potable, Honoré a un pré où il peut gambader. Plus tard, ce passionné d’animaux, pilote qui vole avec ses oies, m’apporte quelques fruits et le lendemain matin le petit déjeuner.
Le soleil est de retour, ça fait du bien. La journée s’annonce belle, et je suis plutôt content car aujourd’hui on traverse la Seine par le pont de Pont-de-l’Arche. Tout se passe bien, mis à part une trottinette électrique bruyante qui nous double sur le pont mais Honoré gère bien. Ouf ! C’est après que ça se gâte. Une colline à franchir avec une pente très sévère. Je montais à quatre pattes et, erreur de débutant, je n’avais pas, comme je le fais pourtant habituellement, attaché la longe au bât. Le sol glissant (c’est humide la Normandie) et pentu, je glisse mais arrive à me maintenir. Honoré prend peur et tire… Dégringolade façon toboggan, Honoré fait demi-tour, il m’attendra en bas. Bref je suis couvert de boue, mal partout, ça m’apprendra. Détour obligé par les bords de Seine, y’a pire, mais ça va faire des bornes 26 au total de la journée.
Et ce soir nous sommes attendus. Escortés même, puisque Élodie et Antoine viennent nous rejoindre avec leurs ânes. Quelle gentille attention ! Honoré est aussi tout content, mais vu qu’il est le plus âgé, il se la pète et passe devant. Bon pas grave c’est quand même super de marcher tous ensemble. Ce soir il a de la compagnie, moi aussi, une bonne douche chaude et une délicieuse tartiflette. Le bonheur total. Élodie est une jeune médecin généraliste, Antoine est maraîcher. L’accueil est extra et ça fait un bien fou après cette longue journée. Le jeune couple attend un heureux événement, je leur souhaite tout le bonheur possible.
Ce matin, c’est le vent qui anime le départ. Et les petites routes pour rejoindre les chemins sont situées sur les plateaux de Seine Maritime. Donc le vent est dominant et souffle à 60km/h, parfois plus car j’ai du mal à tenir debout. C’est fatiguant et les chemins, mieux abrités, ne sont finalement pas plus faciles à marcher car imbibés et donc boueux. La boue plus le vent, plus Honoré qui a peur des lanières du sac a dos qui claquent au vent, donc il tire… Bref, c’est très difficile de marcher droit. Obligé de compenser, le dos en prend un sérieux coup. Les jambes, les cuisses et les bras aussi. D’ailleurs je suis courbaturé de partout. Je décide donc de m’arrêter à Martainville-Épreville où je suis accueilli par le maire qui me fait faire une place sous abri pour monter la tente, me fait tirer une rallonge pour le téléphone, j’ai de l’eau et un U Market à côté pour les courses, le château Renaissance derrière… Et de l’herbe et de l’eau à volonté pour Honoré. Bivouac de luxe et repos cette après-midi. Le soir le château est illuminé, dommage que les photos ne soient pas à la hauteur de la vue.
Tôt le matin, la pluie prend la place du vent, je prends mon temps. Honoré est trempé, je le sèche autant que possible avec l’étrille et je vois qu’il baisse les fesses quand je frotte ses reins. Il a du se faire mal en se roulant ou en faisant le fou… je dois surveiller ça. On quitte les plateaux pour de petits dénivelés, ça fait du bien. Je dois aller à la Poste de Ry chercher un colis, mais il est 11h30 et elle ferme à 11 heures. Je demande donc un bivouac car elle ne rouvre qu’à 16h30, il sera alors trop tard. Le cantonnier me conduit au terrain de jeux, ça sera parfait. Étape courte d’à peine 5 km qui fera du bien aux organismes. Finalement le cantonnier revient vers moi avec le colis attendu. C’est vraiment sympa de sa part d’avoir fait le détour alors que l’agence postale est fermée. L’endroit est reposant malgré qu’il soit à côté de l’école, la tente est montée et tout le matériel rangé à l’intérieur. Soit, je reste ici ça nous fera une pause. Dans l’après-midi je vais faire un petit tour dans le bourg avec Honoré pour aller chercher de l’eau et des carottes et ce sera tout pour aujourd’hui. Demain matin j’ai rendez-vous avec la presse locale, ça faisait longtemps.
Avant le départ, je reçois Isabelle, journaliste au Bulletin. Comme souvent je serais probablement loin quand son article va être publié mais elle m’enverra le lien web. Ha j’allais oublier, Ry est la ville décrite par Flaubert dans son œuvre Madame Bovary. Un peu de culture au passage, ça fait du bien. La journée se déroule tranquillement, le paysage a changé radicalement, ici c’est joliment vallonné et même si le soleil ne se pointe pas, ça fait du bien de voir ces collines. Je commence à chercher un potentiel bivouac sur la carte et un vieux 4×4 arrive sur le chemin, c’est Christine et Bruno (non pas ceux qui m’ont hébergé la semaine dernière) qui me proposent de les rejoindre chez eux pour un café le temps de trouver une solution. Finalement c’est la voisine qui me propose un terrain clos. Parfait pour Honoré, et moi pendant ce temps je vais prendre ma douche chez Christine et Bruno.